Notre entraînement d’Aïkido suit la tradition de Kaiso Morihei Ueshiba, le fondateur de l’Aïkido (O-Sensei), de son élève direct Hikitsuchi Michio Sensei, décédé en 2004, seul professeur a avoir directement reçu le grade de 10e Dan de la part du fondateur et de son élève proche Gérard Blaize (8e Dan).
Gérard Blaize est 8ème Dan de l’Aikikai de Tokyo, 5ème Dan de Masakatsu Bo-jutsu, décerné par Hikitsuchi Michio Sensei (Bo du fondateur de l’Aïkido) et 7ème Dan de Jodo (École Shindo Mousso). Il a vécu au Japon 5 ans et demi et a créé l’Association Internationale d’Aïkido Traditionnel du Japon (AIATJ) à laquelle nous sommes affiliés.
"Ce que nous pratiquons n’est pas Aïkido ! C’est l’entraînement à l’Aïkido. Un jour, de la pratique, sort le vrai Aïkido."
Hikitsuchi Michio Sensei (10ème dan)
Lorsque j’entends Hikitsuchi prononcer cette phrase en 1998 lors d’un stage à Paris devant 400 pratiquants, je suis touché, presque choqué, et c’est des années plus tard que j’en comprendrai la raison. Le sens de cette phrase nous relie à ce que O-Sensei transmettait lors de ces conférences. Il répétait que ce qu’il avait trouvé avec l’Aïkido, certains l’avaient découvert par d’autres disciplines, qu’il n’y a pas de forme en Aïkido, que toute technique est « étude de l’âme » pour permettre à l’Aïkido de survenir.
L’objectif de la recherche n’est donc pas cette maitrise technique (apparente) qui sous-tend la plupart des pratiques martiales en Europe. Notre discipline est bien davantage une méthode pour s’approcher de l’état d’O-Sensei, de ce qu’il a touché, sagesse, paix intérieure, sérénité, unité spirituelle et corporelle.
Voilà pourquoi nous pensons que les gens sont touchés par les vidéos du fondateur, un petit vieillard (il mesurait 1,54m) qui bouge très vite et semble flotter, souriant, toujours uni et centré. Dans cet état de détente et d’unité, il est au centre de cet univers et là, il ne peut rien lui arriver. C’est aussi pour cette raison qu’il fut très difficile une fois O-Sensei disparu de continuer dans la voie qu’il avait tracé. Ce que nous voyons de ses mouvements ne nous indique pas comment il les fait…
La phrase d’Hikitsuchi a ainsi participé à inscrire notre engagement sur le long terme dans le chemin initié par O-Sensei: s’entraîner avec sérieux et constance pour se polir et se transformer afin que l’Aïkido puisse sortir de nous. Ce n’est pas une chose qui peut se décider ou se programmer mais nous croyons qu’avec le travail de l’entraînement, un jour sort notre Aïkido à chacun.
Une des particularités de l’Aïkido est qu’on ne peut pas pratiquer seul. La relation au partenaire est centrale, non au sens d’une relation interpersonnelle mais dans le sens d’une aide autant que d’une limite, d’un cadre de notre recherche.
Ce que nous trouvons et expérimentons dans notre pratique doit fonctionner avec un Autre. Celui-ci nous aide à sentir où nous devons encore progresser.
Quant à moi, j’ai commencé l’Aïkido à Toulouse en 1995, au Dojo de la Gare, sous la direction de mes deux premiers professeurs: Joël Chemin et Bernard Bleyer, tous deux 6e Dan reçus de Michio Hikitsuchi Sensei, seul professeur à avoir directement reçu le grade de 10e Dan de la part du fondateur.
L’ambiance de leur dojo m’a profondément impressionné; les cours quotidiens étaient rigoureux, exigeants et imprégnés du respect de l’esprit martial et des valeurs japonaises. Le dojo n’était pas qu’un lieu de pratique technique mais aussi un espace de partage où les pratiquants prenaient en charge les tâches collectives conformément à la tradition japonaise.
En 1998, j’ai eu la chance de participer à un stage international à Paris avec Hikitsuchi Sensei. Sa recherche, à la fois spirituelle et martiale, m’a profondément touché et influencé et sa vision de l’entraînement d’Aïkido est devenue une source d’inspiration durable.
L’année suivante, en 1999, je déménage à Paris et rejoins le dojo de Gérard Blaize (8e Dan, élève proche d’Hikitsuchi) qui est resté mon professeur depuis (AIATJ).
En 2001, je me suis rendu au Japon comme Uchi Deshi (élève interne) au Dojo de Hikitsuchi Sensei à Shingu. L’immersion dans la vie du dojo et l’intensité des deux entraînements quotidiens m’ont permis de mieux comprendre le sens de son enseignement et m’ont conforté dans mon choix de suivre cette voie martiale, basée sur la discipline, l’engagement et la recherche du geste vrai.
En 2006, je m’installe à Lausanne et cherche avec mon épouse, Jean-Marie Offner et Vincent Leclerc à créer un groupe et des conditions d’entraînement qui suivent les principes de l’AIATJ. Nous avons rapidement pris goût à l’enseignement et la recherche de salles nous amènera de Lausanne à Vevey (2007-2009) puis à Renens (2009-2025) pour enfin trouver notre magnifique salle actuelle, fraîchement ouverte.
Aujourd’hui, notre souhait est de continuer à former un groupe où l’on puisse véritablement expérimenter cette forme d’entraînement, en restant fidèle aux principes de notre professeur et d’Hikitsuchi, au plus près des enseignements d’O-Sensei. L’Aïkido doit rester une voie de développement, on doit « aspirer et guider le partenaire », idée essentielle que nous cherchons à transmettre à travers nos cours.
Notre dojo est un lieu où cette vision de l’Aïkido peut être cultivée, dans le respect de l’esprit martial et des valeurs humaines.